Voievozi „patrioți” și boieri „trădători” în istoria țărilor române
‘Patriotic’ Rulers and ‘Treasonous’ Noblemen throughout the History of Wallachia and Moldavia
Author(s): Matei Cazacu Subject(s): History, Political history, Middle Ages, Historical revisionism
Published by: Institutul de Istorie Nicolae Iorga
Keywords: voïévodes "patriots"; boyards « traitors »; pays roumains; Wallachia; Vlad Tepes Dracula;
Summary/Abstract: Le système de gouvernement des pays roumains – monarchie héréditaire-élective – est défini par la collaboration étroite entre les voïévodes des dynasties régnantes (Basarab et Bogdan) et le conseil princier formé par les grands boyards (les « puissants », potentes), notion opposée aux « pauvres » (sirah, siromah). Au cours du XVe siècle, l’Eglise orthodoxe introduit la pratique de l’onction avec le saint myron lors du couronnement du prince qui devient de la sorte « l’élu de Dieu », et les puissants sont remplacés, dans le conseil princier, par des dignitaires auliques. Ce processus généralement européen ne s’est pas fait sans heurts et conflits qui finissent par l’exil ou l’exécution des opposants catalogués de « traîtres », ou bien par la déposition et même l’assassinat du prince considéré « tyran ».Un des plus intéressants cas d’espèce est l’attitude des uns et des autres face aux dangers externes – l’invasion du pays par la Hongrie, souveraine de la Valachie depuis le XIVe siècle, ou l’Empire ottoman qui lui impose le paiementd’un tribut (kharatch) depuis environ 1420. Le conflit de 1462, né du refus de Vlad Ţepeş Dracula de payer le tribut à Mehmed II, voit l’affrontement entre le prince et les boyards qui, une fois l’armée ottomane sortie du pays, abandonnent Vlad et choisissent en majorité Radu le Bel soutenu par les Turcs. Loin de constituer une trahison, ce choix était motivé par les grandes pertes en hommes (tués ou pris en esclavage) et en bétail, d’une part, et par le refus du roi Mathias Corvin de Hongrie d’intervenir militairement en faveur de son ancien vassal, d’autre part. Par ailleurs, Vlad avait régné pendant six ans d’une main de fer et s’était efforcé de détruire et de ruiner l’ancienne aristocratie en la remplaçant par des hommes nouveaux auxquels il distribuait, contrairement à la coutume, les biens confisqués aux « traîtres » et à leurs familles qui subissaient le même sort que le coupable.Le choix de cette option par les boyards découlait d’une réalité qui n’a pas été prise en compte par l’historiographie stalinienne de l’école de Mihai Roller laquelle considérait, suivant l’exemple de l’historiographie soviétique et l’histoire même de l’URSS, les boyards des traîtres de par leur naissance, coupables de trahison passive ou active à l’encontre des princes patriotes comme Ivan le Terrible ou Pierre le Grand.La fortune des princes, qui ne disposaient pas de domaine foncier, constituée en fait par le trésor public confondu avec celui du prince, était composée de liquidités (or, argent, pierres précieuses, vêtements d’apparat et objets en métal précieux) provenant des revenus des douanes, des salines et des impôts, a été étudiée par Petre P. Panaitescu. Par opposition, la fortune des boyards provenait de leurs domaines fonciers et comprenait les villages et leurs habitants, les grands troupeaux de bétail destiné à la vente, proies faciles pour les Ottomans qui les dévastaient à chaque invasion en prenant des captifs et détruisant leurs demeures. Dans les cas extrêmes, les princes avaient toujours le choix de se réfugier à l’étranger avec toute leur fortune (ce qu’ils ont fait à maintes reprises), tandis que les boyards se voyaient appauvris et dans l’incapacité de se défendre. D’où leur option de négocier avec Mehmed II la reprise du paiement du tribut comme condition de la paix. Ce faisant, ils avaient l’accord de la majorité de la population qui faisait elle aussi les frais des invasions étrangères.Dans le cas précis de Vlad l’Empaleur, la décision de Mathias Corvin de l’arrêter n’a fait qu’accélérer le processus. L’arrestation du prince par les hommes du roi a produit des remous dans l’armée valaque qu’il conduisait, remous et résistance armée considérée par les historiens staliniens, notamment Barbu T. Câmpina – comme une « révolte » contre le prince.
Journal: Studii şi Materiale de Istorie Medie (SMIM)
- Issue Year: XL/2022
- Issue No: XL
- Page Range: 67-110
- Page Count: 44
- Language: Romanian
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