La victimisation comme stratégie politique gagnante et moyen de reconnaissance sociale dans les sociétés postcommunistes (l’exemple de l’Ukraine)
Victimisation as winning political strategy and means of social recognition in postcommunist societies (the case of Ukraine)

Summary/Abstract: Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, avec les procès de Nuremberg puis d'Eichmann qui consacrent la reconnaissance publique des souffrances injustement infligées aux victimes, le sta-tut de victime acquiert toute sa légitimité, jusqu’à devenir un support de revendication identitaire répandu dans les sociétés démocratiques occidentales. La chute du régime communiste et la prise de conscience des crimes du stalinisme ouvrent la porte à d’autres plaignants de l’Histoire, qui s’appuient sur ce capital symbolique positif de la victime. Depuis, pour être entendu sur la scène publique et obtenir une reconnaissance sociale, il est de bon ton de revêtir l’habit de la victime. C’est d’autant plus facile dans des sociétés postcommunistes, au passé marqué par les répressions et les massacres interethniques, comme c’est le cas en Ukraine. Simultanément, le retour en force du religieux remet à l’honneur les rituels de deuil et de repentance collective, et concourt à consolider par là le modèle victimaire, et à rendre le modèle héroïque dépassé, de moins en moins efficace, sur les plans politique et social.

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