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Egipatski bogovi u rimskom Iliriku
Egiptian Gods in Roman Illyricum

Author(s): Petar Selem
Subject(s): Cultural history, Customs / Folklore, Ethnohistory, Ancient World, Cultural Anthropology / Ethnology, Sociology of Culture
Published by: Akademija Nauka i Umjetnosti Bosne i Hercegovine
Keywords: Egyptian cults; Egyptian beliefs; cultural development; gods; divinities; goddess;

Summary/Abstract: Les cultes d’origine égyptienne apparaissent en Dalmatie et en Pannonie Romaine dans le cadre de leur diffusion dans les provinces européennes de l'Empire. U est très probable que leur diffusion commence par l'intermédiaire de i’Ilalie et particulièrement de la cité importante d'Aquileia. Cette diffusion doit commencer à l’époque où les cultes égyptiens en Italie sortent de leur clandestinité en prenant un caractère de plus en plus officiel, c’est-à-dire dès le règne de Caligula. Théoriquement, les colonies grecques des îles et de la côte dalmate pouvaient être les premiers lieux de diffusion, mais étant donné le caractère très conservateur des colonies en question, le fait que le renouveau hellénistique leur soit resté inconnu et qu’il faille attendre la domina tion romaine pour qu’elles puissent atteindre le niveau du développment matériel et culturel de la Mediterranée, cette hypothèse ne paraît pas très fondée. Les premiers monuments datés se rapportent au culte d’Isis: la statue en marbre de la déesse provenant de Nin (Aenona), datée de la seconde moitié du I 1'1 siècle de n.è et le cippe de Bigeste avec le sistre, daté de l’époque de Vespasien ou de ses successeurs de la famille Flavia. Il est particulièrement intéressant de remarquer qu’une statue monumentale d’Isis parraisse si tôt à Aenona, donc sur le territoire des Libourniens. Dans la société des Libourniens a survécu, d’après Pseudo- -Scilax, longtemps la ginécocratie, et ce fait se manifeste aussi dans la prépondérance des divinités féminines (Anzotica, Ica, Iris, Jutossica, etc) représentant la sublimation et le culte du principe de la féminité comme essentiel. II est donc possible que ce fait a facilité l’accueil de la déesse égyptienne aux traits semblables; remarquons aussi que le culte d’Isis connaît une large diffusion en Rhénanie où les cultes des divinités gallo-germaniques de la fertilité (Matres, Matrices) étaient en vogue. Dans le cadre de cette question se situe le fait que le monument avec le sistre appartient à une famille indigène en voie de romanisation. Il est très probable que, dès le Ier siècle de n.è., les divinités égyptiennes apparaissent dans les centres de la Pannonie au sud de la Drava; mais d’après nos documents la grande époque de leur diffusion se situe vers la moitié du I Ie siècle de n.è. et le centre de cette diffusion devient la ville de Poetovio, le siège de Portorium Publicum Illyrici; les principaux croyants sont les esclaves et les libertins qui travaillaient dans le bureau douanier. Les divinités égyptiennes connaissent au début du IIIe siècle de n.è. un nouvel essort, tant en Dalmatie qu’en Pannonie, sous la protection des empereurs de la famille Sévère. C’est aussi l’époque de la grande progression de Serapis qui est, avec sa parèdre, lié au culte impérial. La deuxième moitié du IIIe siècle ainsi que le IVe est l’époque d’une lente régression des croyances égyptiennes. Cependant, le couvercle du sarcophage de Salone nous prouve que des sociétés d'adorateurs d’Isis et de Serapis existent encore au IVe siècle, probablement dans des cercles restreints ou fermés. II est possible de constater que sur notre territoire la diffusion des cultes égyptiens pénétrait à tous les niveaux de l’échelle sociale. Cependant, il est possible d’identifier certains groupes sociaux ou éthniques. Nous avons déjà vu que dans les régions occidentales de l’Ulyrie depuis la moitié du I Ie siècle de n.è., les adeptes les plus nombreux sont les employés du bureau central de la douane à Poetovio. Il s’agit des serfs ou des esclaves des trois conducteurs du portorium: C. Antonius Ruf us, T. Julius Saturninus et Q, Sabinus Veranus qui détenaient le portorium à l’époque d’Antonin le Pieux. Il est certain qu’à cette époque un sanctuaire d’Isis s’élevait à Poetovio à proximité du temple de Mitiira. Les fonctionnaires romains étaient aussi des adeptes des dieux, égyptiens: Caius Ulpius Aurelius Gaianus était praefectus vehiculorum et, d'après B. Saria et H. Dessau, il s’agit du même personnage qui était en 167 iuridicus Alexandrea. M. Ulpius Gellianus était curator Arbensium Metlensium, Splonistarum, Malvesaiium. Son cas est très intéressant: il s’agit d’un fonctionnaire qui se déplace, suivant l’exercice de ses fonctions, depuis les confins occidentaux de la Dalmatie jusqu’à ses limites orientales, apportant aussi son adhésion religieuse. Les militaires, on le sait, étaient les divulgateurs principaux du mithraisme. Cependant, il est certain que le monument de Serapis au pair de lions, trouvé à Teutoburgium, appartenait à un militaire. Un tribunus cohortis, Cn. Pompeius Politianus, a dédié l’inscription, trouvée à čačak, à Serapis et Isis. D’après les documents des provinces danubiennes, il semble que les militaires deviennent particulièrement favorables aux divinités égyptiennes à l’époque des Sévères (Septimius Severus et Caracalla). Le culte d’Isis et de Serapis était répandu aussi dans les couches sédentaires des citoyens des colonies et des municipes de la Dalmatie et de la Pannonie. Leur origine peut être orientale, romaine ou indigène. Dans le cas de Publias Quinctius Paris de Jader nous rencontrons un Oriental, probablement d’origine libertine, un de ceux qui se sont enrichis et bien intégrés dans la société de la colonie; le cas de Lucius Cassius Hermodorus qui appartenait au collège de Serapis à Salone est un peu différent — aussi d’origine orientale il était marin (nauclerus) et des documents de Rhénanie nous démontrent les liens de cette profession avec la tradition maritime d’Alexandrie. En plus des orientaux dans le sens général, nous rencontrons aussi des Egyptiens, qui, apportés par les courants du destin sur les rives de l'Adriatique ou des fleuves pannoniens, adoraient les dieux authentiques de leur patrie lointaine: le cas le plus intéressant est celui de Paâj-hor-pa-hered de Mursa. Parmi les adeptes de Serapis et d’Isis de Dalmatie qui portent des noms théoforiques, il y avait probablement des citoyens d'origine italique, mais aussi des libertins d'origine inconnue. Le couvercle du sarcophage de Salone, avec les effigies de deux enfants, prouve la croyance aux dieux égyptiens des membres d’un cercle des couches élévées de la société salonitaine. Enfin, le cippe de Bigeste mentionne une famille illyrienne: l’aïeul Blodius n’a pas encore la citoyenneté romaine, c'est une acquisition de son fils T. Flavius Blodi f. Plassus et de ces petit-fils Epicadus et Laedio qui assument déjà des fonctions dans la société delà colonie de Narona. Le caractère des croyances égyptiennes sur le sol de la Dalmatie et de la Pannonie était semblable à celui de l’Italie et à celui des provinces occidentales de l’Empire. Il faut cependant noter que des liaisons étroites, qui dépassent une coexistence, existent entre les dieux égyptiens et les autres grandes divinités d’origine orientale. Le même Ulpius Gaianus qui a dédié à Poetovio l’inscription à Isis et Serapis a fait à Mediolanum et Virunum des voeux à Mithra. La dédiacace à Mithra à Virunum est liée à l’effigie de Serapis! Ision de Guberevci dédie une inscription à Mithra. Le complexe architectural du Ie mithré à Poetovio, édifié par les esclaves et les libertins du bureau douanier, se trouve dans la proximité la plus étroite du temple d’Isis. Les mêmes employés du bureau de Poetovium qu’on connaît en tant «qu’adeptes d’Isis et Serapis, ont dédié dans le Poetovio et dans les régions limitrophes de Noricum, de Regio X et de la Pannonia Superior des monuments à Mithra. Par conséquent nous croyons que l’épithète invictus auprès du nom de Serapis prouve plutôt un syncrétisme qu’une hostilité des deux divinités. Les monuments de la Pannonie au pair de lions et Serapis (ou kalathos) au milieu, démontrent aussi un spectre très vaste de syncrétismes. Les origines égyptiennes de l’apparition de Serapis avec les lions sont incontestables, mais le fait que les deux lions apparaissent aussi en liaison avec d’autres cultes d'origine orientale, prouve ce vaste syncrétisme. Le syncrétisme devient particulièrement présent au début du I IP siècle, quand le contenu religieux oriental devient le plus étroitement lié au culte impérial. Le forum de Jader avec ces têtes de Jupiter-Amon et son contenu religieux en est un excellent exemple. Au III e siècle les cultes païens forment un tout qui va opposer la dernière résistance à l’afflux du christianisme.

  • Issue Year: 1972
  • Issue No: 9
  • Page Range: 5-104
  • Page Count: 100
  • Language: Croatian