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Sarkofag iz Šipova
Sarcophagus from Šipovo

Author(s): Nenad Cambi
Subject(s): Archaeology, Cultural history, Customs / Folklore, Ethnohistory, Local History / Microhistory, Ancient World
Published by: Akademija Nauka i Umjetnosti Bosne i Hercegovine
Keywords: Šipovo; ancient sarcophagus; oriental-type; portraits of deceased; fragments; medallions; funeral;

Summary/Abstract: Durant l'année 1979, à Sipovo, et à l’occasion de travaux sur le canal — au confluent de la Pliva et de la Lubovačka rijeka — ont été découverts quelques fragments d’un sarcophage antique (fig. 1). Au cours de ces travaux on a trouvé, en tout, 7 fragments dont 3 informes qui ne sont pas pris ici en considération. Tous ces fragment appartiennent au couvercle du sarcophage. Le couvercle était du type soi-disant »oriental«. C’est une catégorie qui prédomine en Orient, mais on la rencontre aussi en Occident et elle est tout à fait commune sur le littoral oriental de l’Adriatique et, généralement, dans les Balkans. Il est intéressant que, sur le couvercle de âipovo, figurent des représentations en relief sur la pente inclinée du toit, ce qui n'est pas caractéristique pour un sarcophage de type oriental. D'après l’auteur, l'apparition de représentations sur les côtés inclinés du couvercle peut s’expliquer par une influence de la Pannonie voisine où l'on peut en trouver plusieurs exemples — ce qui n’est pas l'usage ailleurs. Les acrotères plastiques habituels manquants ont été visuellement remplacés par des médaillons avec portraits des défunts — fréquents sur ces parties de couvercles. Le sarcophage devait être de grandes dimensions. Il est difficile de déterminer sa longueur exacte mais les mesures des fragments appartenant au côté antérieur du couvercle, comme celles des côtés latéraux, permettent de déterminer avec précision ses dimensions correspondantes. Si l’on additionne les longueurs de tous les fragments appartenant au côté antérieur, on obtient en tout 2,40m. Ce n’est pourtant pas la longueur totale du couvercle car il est évident qu’il manque au moins la longueur du corps de la figure couchée, dont la tête se trouve sur le fragment n° 1 et le corps se continue sur le fragment n° 2. La longueur de cette figure couchée devait être d’environ 0,50 ou 0,60m. Si l’on ajoute la partie du corps qui manque à la longueur totale des autres fragments appartenant au côté antérieur on obtient, comme longueur totale du couvercle, 3 m. environ. On arrive à un résultat semblable si on utilise comme module la largeur du côté latéral. Ce côté est habituellement deux fois et demie plus court que ceux plus longs. Si le sarcophage de Šipovo avait comme module 1 : 2,5, ayant en vue le côté latéral gauche — un peu plus étroit — du couvercle qui mesure 1,35m., alors H mesurait environ 3,35m. Ces deux tentatives en vue de déterminer la longueur totale indiquent que le couvercle devait être d'une grandeur supérieure à 3 m. Les représentations figuratives sur le couvercle sont très intéressantes. La disposition des fragments, de droite à gauche, est la suivante: nos 1, 3, 2, tandis que le fragment n° 4 est la partie inférieure du couvercle et il est difficile de le mettre en rapport avec un autre fragment (fig. 2, 5, 6). Pourtant, il appartenait sans aucun doute au côté supérieur du couvercle. Dans les angles du couvercle se trouvaient des médaillons sur lesquels les défunts étaient représentés. Le médiation de droite n’est que fragmentairement conservé, et celui de gauche est complètement détruit mais, considérant la symétrie existante, on ne peut douter de son existence. A côté des médaillons avec portaits se trouvaient des érotes nus avec les jambes croisées, appuyés sur une torche renversée (fig. 2). Ces érotes étaient tournés vers les portraits. Etant donné que ce motif était très populaire en Dalmatie — surtout à Salone — il est probable que l'incitation à sa production provenait de ces régions méridionales. D’après l'auteur, au centre du couvercle, devait se trouver le motif du repas funéraire (Totenmahl, banchetto funebre), représentation sépulcrale bien connue. Trois figures, c’est-à-dire une figure dans la position couchée et deux figures de côté, prouvent qu’il s'agit bien de ce motif. La figure allant à droite de la tête de la personne allongée et qui porte un vêtement court, est vraisemblablement un serviteur apportant de la nourriture au kliné. Ces représentations sont surtout fréquentes sur le sarcophages (produits dans les ateliers de la ville même de Rome et sur lesquels des enfants, fillettes et garçonnets, servent les défunts héroïsés. Lorsqu’il s’agit de garçons, ceux-ci portent un vêtement court, semblable à celui qu’on remarque autour des jambes de la figure située à côté de l’érot sur la partie droite du couvercle. Ces garçons s’avancent vers le kliné, apportant nourriture et boisson. De tels représentations se voient sur des sarcophages provenant de Porto Torre, du Vatican (Museo Gregoriano Profano), de Rome (Palazzo dei Conserva tori), Paris (Louvre), Rome (Museo delle Terme). Du côté inférieur de la kliné se trouve un autre garçon, représenté assez naïvement et maladroitement, au moment où il s’éloigne des pieds du défunt. L’auteur pense que l'artisan du sarcophage de Šipovo a dû s’inspirer de Salone où a existé au moins un sarcophage avec représentation de repas funéraire: ce type de sarcophage est l'un des plus anciens la série des produits provenant des ateliers de la ville même de Rome. Comme décoration du côté antérieur n’apparaît encore que la kymé d'acanthe dans le profil concave inférieur du couvercle (fig. 6). La kymé est inhabituelle à cet endroit. Seuls les sarcophages attiques importés ont un motif semblable sous la latte en haut de la cuve. Cela est caractéristique pour les sarcophages attiques avec couvercle en forme de kliné, exécutés après le début du I I I e s. de notre ère. S’agit-il de l ’influence des sarcophages attiques — la kymé d’acanthe apparaissant sur quelques autres monuments provenant de l’atelier de Šipovo? Sur les côtés latéraux du couvercle figurent des têtes de Gorgones qui couvrent presque complètement la partie centrale du champ triangulaire (fig. 3,4). Les représentations de Gorgones se trouvent habituellement dans le répertoire des côtés latéraux de couvercles provenant des ateliers de sarcophages salonitains et il est probable que c'est de là qu’est venue l’incitation à la production des sarcophages dans l’atelier de Šipovo. A Šipovo où, selon I. Bojanovski, était situé le municipium Baloie, devait alors exister un atelier de tailleur de pierre. Dans le même atelier où a été exécuté ce sarcophage a aussi dû être produit le »mausolée« dont les fragments ont été découverts à la fin du siècle dernier. De nombreux éléments relient ces deux monuments, quoiqu’on remarque sur les deux la main de différents ouvriers, ce qui indiquerait un travail d’atelier et non individuel. Les nombreux autres ouvrages en pierre démontrent une longue continuité d’atelier. Comment dater ce sarcophage? Certains fragments offrent des éléments qui permettraient de le dater, mais la meilleure preuve est offerte par le mausolée de šipovo pour lequel on a déjà constaté qu’il est approximativement contemporain de ce sarcophage. D. Sergejevskia déjà exactement daté ce mausolée au IVe s. d’après des noms qu'Apollinaris, Honorius, Frontinus, ainsi que d’après la fibule à bulbes du Bas-Empire. A la différence de Sergejevski, l'auteur démontre que ce mausolée ne contient pas d’éléments chrétiens et, selon lui, ce mausolée est païen — ou même date de l’époque où les chrétiens n’avaient pas encore publiquement manifesté leur confession. Il est donc évident qu’on peut dater ce mausolée du IVe s. Cette époque — d’après l'auteur — est également attestée par le portrait du propriétaire du mausolée exécuté en un médaillon possédant des caractéristiques clairement tétrarchiennes. Il y a partout dans le monde — comme en Dalmatie — un grand nombre de ces portraits tétrarchiens. Sur le territoire de la Bosnie-Herzégovine, par exemple, on en trouve de semblables sur quelques stèles funéraires. Tout ce qui précède témoigne que les deux monuments, c’est-à dire le sarcophage et le mausolée, ont été produits dans le même atelier, et en même temps. Ils ont probablement été exécutés au cours d’une décennie. A cette époque, l’atelier de Sipovo était encore florissant; il devait avoir des rapports étroits avec le littoral adriatique et le Bassin danubien. Malgré les incitations à la production de certains motifs provenant des grands centres balkaniques, cet atelier a pourtant gardé son caractère propre et son authenticité mais avec une inévitable naïveté. A côté de quelques autres monuments de différentes régions de Bosnie-Herzégovine, le sarcophage et le mausolée susmentionnés sont les meilleures oeuvres sculptées datant de l'Antiquité tardive données par T arrière-pays de la province romaine de Dalmatie. Pour terminer, l’auteur souligne que les sarcophages sont un phénomène rare en Bosnie-Herzégovine, ce qui prouve que cette catégorie de monuments est moins populaire dans l’arrière-pays que sur le littoral adriatique et dans le Bassin danubien.

  • Issue Year: 1982
  • Issue No: 20
  • Page Range: 91-109
  • Page Count: 19
  • Language: Croatian