Moldova începuturilor între latinism și slavonism
Early Moldavia between Latinism and Slavonism
Author(s): Şerban PapacosteaSubject(s): History, 13th to 14th Centuries, 15th Century
Published by: Institutul de Istorie Nicolae Iorga
Keywords: langue; Moldavie; chancellerie; réfugiés hussites; Byzance;
Summary/Abstract: Dans sa remarquable monographie consacrée à son pays d'origine, Descriptio Moldaviae, le prince Dimitrie Cantemir affirme que dans la première étape de son existence, l'État moldave tardivement paru, au XIVe siècle, sur la carte politique de l'Europe, avait adopté le latin pour langue officielle; assertion confirmée par les recherches historiques récentes. En effet, les actes émis par la chancellerie des premiers voïvodes du pays, les légendes inscrites sur les sceaux qui authentifiaient ces actes et sur les monnaies frappées dans les ateliers monétaires du pays ont utilisé sans exception le latin. Ce ne fut qu'ensuite, à partir des dernières années du XIVe siècle, que le slavon se substitua au latin dans sa fonction officielle, à la fois langue de l'État et de l'Église („langue liturgique”). L'adoption du latin par la chancellerie moldave à ses débuts correspond du point de vue politique à l'hégémonie imposé en Europe Centrale par la Hongrie du roi Louis d'Anjou (1342-1382), lequel cumulait depuis 1370 les couronnes hongroise et polonaise. Coincée de tous côtés entre les territoires dominés par Louis d'Anjou, la Moldavie n'avait d'autre choix pour tenter de sauver son autonomie que de s'adapter à cette hégémonie entre autres en adoptant au niveau officiel la confession catholique et, par voie de conséquence, l'usage du latin dans l'activité de la chancellerie et de la cour princière. La restructuration des rapports internationaux en Europe Centrale après la dissolution de l'union personnelle entre les royaumes de Hongrie et de Pologne, qui suivit la mort de Louis d'Anjou en 1382, et la création de l'Union Polono-Lithuanienne en 1386 favorisa l'émancipation politique de la Moldavie. En s'orientant vers la nouvelle puissance hégémonique de la région, plus tolérante que la Hongrie envers la confession orthodoxe, les dynastes de la Moldavie se tournèrent du côté de Byzance pour obtenir à la fois un siège métropolitain et la reconnaissance de l'autonomie politique et spirituelle de leur pays. Les structures et l'organisation de l'État suivirent dorénavant le modèle byzantin dans la variante adoptée par les peuples slaves aux IXe-Xe siècles qui l'avait imposé aux Roumains aussi. Depuis cette époque reculée, le slavon avait été associé aux trois „langues liturgiques” jusqu'alors reconnues, l’hébreu, le grec et le latin. Langue de la chancellerie et de l'église moldaves, le slavon s'imposa en tant que langue officielle de la Moldavie pendant à peu près trois siècles. Cette évolution fut suivie dans les dernières années du règne d'Alexandre le Bon (1400-1432) d'une attitude nettement hostile à l'Église catholique et aux lettres latines sévèrement persécutées sur un ordre du prince. Hostilité active suivant le témoignage de Dimitrie Cantemir, confirmé dans ce sens par un texte contemporain conservé dans les archives de l'Ordre des Chevaliers Teutoniques, qui dénonce à la fois cet aspect de la politique du voïvode moldave et son attitude favorable aux nombreux réfugiés hussites qu'il avait généreusement accueillis dans son pays.
Journal: Studii şi Materiale de Istorie Medie (SMIM)
- Issue Year: XXXVI/2018
- Issue No: XXXVI
- Page Range: 23-42
- Page Count: 20
- Language: Romanian
- Content File-PDF