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Documente suspecte din vechea arhivă a Mănăstirii Putna
Documents suspects des anciennes archives du Monastère de Putna

Author(s): Ştefan S. Gorovei
Subject(s): History, Local History / Microhistory, Modern Age, 18th Century
Published by: Centrul de cercetare şi documentare ŞTEFAN CEL MARE
Keywords: Putna; archives; documents suspects; skète de Hotin; primauté; indépendance; archimandrites;

Summary/Abstract: L’existence des documents faux ou suspects dans les vieilles archives ne doit pas étonner lorsqu’il s’agit de propriétés ou privilèges de toute sorte; d’autres pièces ont été fabriquées pour chatouiller des orgueils ou des vanités nobiliaires. Mais en dehors de ces falsifications, banales, pour ainsi dire, il y a aussi des pièces à destination spéciale: les faux „patriotiques” et les faux „pieux”. Au cours des siècles, le Monastère de Putna avait accumulé, dans ses archives, des centaines de documents, concernant en première ligne ses propriétés (donations des princes ou des boyards du pays, achats, échanges etc.) entrées dans le patrimoine de Putna avec tous les actes qui justifiaient l’origine du droit de propriété, ainsi que la légalité de leur transfère; mais il y a aussi quelques documents qui peuvent éveiller des soupçons et l’auteur propose l’examen de trois pièces qui lui semblent suspects. Elles proviennent des anciennes archives du Monastère de Putna, dispersées après l’intégration de la Bucovine à l’empire des Habsbourg (1775). Le premier document examiné se trouve aujourd’hui en Russie, dans les collections de l’ancienne Bibliothèque Impériale de St.-Petersbourg, actuellement la Bibliothèque Nationale de Russie. Il est daté du 30 mars 1730 et contient le témoignage du hiéromoine Meletios (Mélèce), le dernier starets du skète de Hotin (Chocym, aujourd’hui en Ukraine), fondé vers 1663 par le burgrave de la forteresse de Hotin, Iancu Costin (un des frères du grand chroniqueur Miron Costin, 1633–1691). Forcé par l’impossibilité d’administrer le skète, endommagé par les événements militaires de l’époque, Meletios avait pris la décision de le mettre sous l’autorité et la protection du Monastère de Putna; il a apporté ici les quelques documents concernant les propriétés du skète, ainsi que son petit patrimoine sacré (une icône miraculeuse de la Vierge, fameuse pour les larmes versées dans certaines situations, un Tetraévangéliaire offert en 1599 par le père de la princesse Élisabeth Movilă à l’église de la cité dont il était le burgrave à cette époque-là etc.; de nos jours, ces objets font partie encore du patrimoine du Monastère de Putna). Meletios affirme, dans son témoignage, que cette décision avait été prise avec l’accord et la bénédiction de l’évêque Calistru de Rădăuți, dont l’apostille figure en tête du document. Or, cet évêque avait renoncé à sa dignité en mai 1728 et au mois d’août 1729 il était déjà mort. Il ne pouvait pas mettre son apostille en mars 1730. Selon l’opinion de l’auteur, le document a été partiellement falsifié, en ajoutant plus tard cette apostille en guise de légalisation. Les deux autres documents se trouvent dans les archives conservées à Putna et ils vont de pair: ont le même émetteur (le métropolite Iacov Putneanul), le même bénéficiaire (le monastère de Putna) et concernent des questions apparentées (le statut de ce monastère et celui de ses higoumènes). Celui du 2 janvier 1756 présente la décision d’un synode qui aurait eu lieu à cette date pour établir que le monastère de Putna ne pourra être jamais dédiée et soumise (închinată) comme métokhion à n’importe quel autre monastère d’un rang supérieur, ni même à la Métropole de Moldavie, pour ne pas contrevenir aux assises du fondateur: le prince Étienne le Grand aurait accordé à sa fondation une sorte de primauté parmi les autres fondations princières, ainsi que le privilège de se gouverner par elle-même, en toute indépendance. L’autre document, du 20 mars 1757, reprend certains arguments, comme la primauté de Putna face aux autres monastères du pays, en ajoutant que les higoumènes de ce monastère avaient porté, dès le début, le titre d’archimandrite: c’était une distinction qui devait les privilégier aux élections des évêques du pays. L’examen critique de ces deux documents met en évidence plusieurs éléments qui peuvent indiquer leur caractère suspect, sinon le faux même. L’auteur croit pouvoir fixer la création de ces documents après l’occupation de la Bucovine par les autorités autrichiennes, ayant pour but de justifier, chartes en main, l’importance exceptionnelle de Putna dans ce nouveau contexte politique. Les créateurs ont mis à contribution des anciennes réalités historiques (assez bien connues grâce aux archives du monastère), ainsi que des traditions vivantes dans la communauté monastique de Putna.

  • Issue Year: 2021
  • Issue No: 2
  • Page Range: 31-48
  • Page Count: 18
  • Language: Romanian