Recherche, méthode et terrain chez les Tsiganes en Europe centrale orientale
Research, method and field among Gypsies in Central Eastern Europe

Summary/Abstract: L'imaginaire concernant les Tsiganes et les Roms n'a guère changé depuis le XVIIIe siècle. Les Roms continuent de susciter des réactions qui provoquent depuis toujours la rencontre avec l'étranger: horreur ou pitié. Toutefois, la pitié prend ici le dessus, de sorte que la question se pose, après avoir cherché les causes innées ou acquises de leur malheur, de savoir quoi faire pour améliorer le sort de cette population. Si l'assimilation a été tentée par tous les moyens pendant deux siècles, aujourd'hui c'est au contraire la «communautarisation» (ethnicisation) qui est prônée. Cependant, comme le montrent nos enquêtes plus récentes, les stratégies identitaires des Roms eux-mêmes varient selon leur appartenance sociale et leur conscience politique et également selon le statut du groupe auquel ils s'identifient et se rattachent pour se distinguer des autres. La multiplication et la professionnalisation de la recherche en «tsiganologie» ont également eu des effets sur les conditions de l'enquête, les informateurs et, surtout, les intermédiaires roms ayant compris qu'ils pouvaient en tirer profit. Dans le cadre d'une recherche comparée sur les effets de la mobilité et du changement d'affiliation religieuse dans deux provinces roumaines, la Moldavie et la Transylvanie, et dans la République de Moldova, nous avons eu l'occasion d'échanger nos vues avec nos partenaires des Universités de Iasi, de Cluj et de Chisinau, ainsi que de participer activement à une enquête de terrain en Moldova. Plus récemment, nous avons poursuivi nos enquêtes en Ukraine du Sud. Le présent article se penche sur les conditions de travail de l'ethnologue dans le contexte post-communiste et post-moderne à la fois. Il nous a semblé utile d'évoquer, outre les conditions de ces enquêtes en particulier, les considérations méthodologiques de l'enquête de terrain dans un monde globalisé. Nous parlerons également d'un type particulier «d'informateur», l'homme de l'ombre, ou l'intermédiaire dont le rôle est de mettre véritablement en scène ou du moins d'orchestrer l'enquête.

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