BOOK REVIEW - NOEMINA CÂMPEAN, STRINDBERG ȘI BERGMAN. PERSPECTIVE COMPARATISTE ASUPRA DURERII INOCENTULUI, ÉD. EIKON & ÉD. ȘCOALA ARDELEANĂ, CLUJ-NAPOCA, 2018, COLLECTION ORIENS, 496 P.
BOOK REVIEW - NOEMINA CÂMPEAN, STRINDBERG ȘI BERGMAN. PERSPECTIVE COMPARATISTE ASUPRA DURERII INOCENTULUI, ÉD. EIKON & ÉD. ȘCOALA ARDELEANĂ, CLUJ-NAPOCA, 2018, COLLECTION ORIENS, 496 P.
Author(s): Mircea MuthuSubject(s): Philosophy
Published by: Studia Universitatis Babes-Bolyai
Summary/Abstract: Dépassant ab initio le caractère plus ou moins descriptif des nombreuses études d’esthétique du théâtre et/ ou du film, l’ouvrage d’Alexandra Noemina Câmpean Strindberg și Bergman. Perspective compa¬ratiste asupra durerii inocentului (Strindberg et Bergman. Perspectives comparatistes sur la douleur de l’innocent) nous offre une démarche exégétique d’exception en déve¬loppant, sur le parcours, une triple perfor¬mance esquissée déjà dès le titre: un com-paratisme esthétique dans la proximité de l’angle psychanalytique qui atteint, parfois, le seuil synesthésique entre la création protéique de Strindberg et le polymor¬phisme artistique de Bergman (centré sur les mémoires, la théâtrologie et la ciné¬mato¬graphie); la structuration de cette relation à travers le «thème de l’enfant innocent» amplifié comme «un pont de liaison entre la tragédie grecque et le drame moderne»; troisièmement, la circonscription interdisciplinaire de l’échafaudage religieux, en espèce le luthéranisme, mais aussi de celui proprement dit artistique, lié à la spécificité de l’avant-gardisme nordique et, par extrapolation, de celui européen, surtout de la première moitié du XXe siècle. Intriquées jusqu’à l’osmose, les trois perspectives confèrent à l’ouvrage une structure rhizomatique et surtout de la profondeur interprétative, tout cela étant géré par une triade méthodologique correspondante, respectivement un comparatisme multiple¬ment étagé, l’analyse prioritairement psychanalytique et l’examen imagologique de l’intégrale cinématographique et théâtrologique laissée à la postérité par Bergman. La résultante de cette démarche structurée en quatre parties défalquées en chapitres et sous-chapitres est une méditation arborescente personnelle sur le tragique moderne, ayant son point de départ dans l’assomption naturelle de la conception de Johannes Volkelt, selon laquelle le destin est immanent à l’être humain. Or, le thème de la «douleur de l’innocent», obsessive chez le «duplexe» Strindberg/ Bergman, ne fait pas qu’accompagner ou exemplifier, mais est une partie intégrante du caractère processuel du tragique dans une analyse qui arrive jusqu’au niveau des capillaires et cela dès la Première partie. Cadre général – en fait une «mise en abîme» de tout le livre qui a environ 500 pages, avec une Bibliographie qui compte plus de 500 références, des Antiques à Jean Marie Domenach, Paul Ricœur (avec sa célèbre étude sur la culpabilité) ou Szondi, dans un conclave philosophique sui-generis où l’on convoque aussi S. Freud, M. Heidegger et J. Lacan. Voici un tel échantillon prémonitoire et concluant pour la capacité analytique et synthétique de l’auteure: «Strindberg représente pour Bergman le maître imaginaire, le père qui n’a pas pu être tué, une figure fantomatique similaire au père mort de Hamlet qui s’actualise à l’infini avec chaque création (qu’elle soit journal ou scénario de film) (…) et qu’il comprend par l’intermédiaire d’un langage authentique de l’intérieur de la chair. (…) Il est vrai, seulement les créations littéraires de Bergman (et nous nous référons ici à ses premières pièces de théâtre, pas aux scénarios de film) copient, empruntent et éditent le modèle strindbergien – ses films le filtrent et l’essentialisent» . C’est toujours ici, dans la première partie, que nous trouvons l’armature de la construction exégétique par l’énonciation et, implicitement, le résumé des quatre sections constitutives.
Journal: Studia Universitatis Babes-Bolyai - Philosophia
- Issue Year: 63/2018
- Issue No: 3
- Page Range: 189-194
- Page Count: 6
- Language: French